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Photo du rédacteurRatatouille

Casser les conventions, garder les commandements

Après avoir lancé le thème de la recherche de Dieu, nous avons consacré les deux dernières semaines à étudier la notion de choix dans la société actuelle. L’idée, qui n’est pas très compliquée d’ailleurs, c’est qu’à partir du moment où on est bien d’accord que la recherche de Dieu doit guider notre vie (cf le discours de Benoît XVI sur les racines de l'Europe), il devient nécessaire de s’échauffer pour tester ses muscles, et de scruter la piste qu’on va devoir emprunter pour parvenir à l’objectif qu’on s’est fixé. Chaque texte mentionné peut être téléchargé à la fin de l'article, juste en bas.


En fait l’examen de la piste est presque plus important que le fait de tester ses muscles, parce que même équipé de sa petite surcharge pondérale, si la piste se résume à une descente en pente droite on n’a qu’à se laisser rouler pour arriver. Et inversement, avec la meilleure forme du monde si on se retrouve dans un cul de sac à cause d’un manque de recul sur l’itinéraire, les muscles ne nous aideront pas. Au passage, Saint Jean-Paul II nomme ces culs de sac des « structures de péché ». Autant les éviter en somme.


Donc. Concernant l’examen de la piste, on a Molinié d’une part, qui décrit à quel point la société brasse l’indécision dans notre esprit avec un raffinement particulièrement soigneux, l’élevant au rang d’art (on notera en passant le concours précieux de la psychanalyse dans cette déviance). On explique tout mais on ne décide rien, l’objectif n’est plus d’agir mais de disserter. L’important c’est de participer, bref c’est l’intention qui compte, quoi.


D’autre part, on a Chesterton, qui rejoint Molinié par son propre chemin à lui. Les grands esprits se rencontrent. Mais lui, il se met à nous parler de dogme et de préjugé. C’est moins clair (peut-être à cause du traducteur), donc je voulais m’étendre un peu plus sur ce sujet.


Puisque le dogme et le préjugé sont « les deux seules options de l’esprit », Chesterton part du constat que tous les hommes sont croyants. La question c’est ce en quoi nous croyons, et à quel point nous sommes conscient de notre dévotion. Les préjugés, c’est le résultat d’une croyance qui ne s’assume pas : elle se morcelle et se disperse parmi toutes les préoccupations du quotidien, et parfois s’agglutine pour former un idéal. Le dogme, c’est la croyance qui se laisse guider par la tradition des anciens : je sais que pour ordonner ma croyance au-delà de ma mesure (parce que la vérité me dépasse), je dois l’offrir dans la confiance, pour mieux recevoir la foi. Cette posture d’humilité est nécessaire pour passer du préjugé au dogme, de la croyance à la foi.


Ici on tient un nœud central sans lequel notre engagement dans le monde - et même notre identité de chrétien - est vain : pour ne pas me laisser chambouler par l’esprit du monde, je dois avoir la foi. Or la foi est une vertu théologale, qui ne s’invente pas. On ne peut que la recevoir de Dieu. C’est terrible, ça. Mes racines dans la vie spirituelle, sans lesquelles je suis à la dérive dans l’océan du monde, je dois les recevoir d’un Autre. Ça calme. Comme dit Molinié, « humilité bien ordonnée commence par soi-même ».


Donc pour chercher Dieu, il faut se disposer chaque jour à quitter ses préjugés pour demander la foi. C’est plus qu’un enseignement, il s’agit de notre identité. Ce passage du Deutéronome l’illustre bien (chapitre 30, versets 16 à 20) :


« Ce que je te commande aujourd’hui, c’est d’aimer le Seigneur ton Dieu, de marcher dans ses chemins, de garder ses commandements, ses décrets et ses ordonnances. Alors, tu vivras et te multiplieras ; le Seigneur ton Dieu te bénira dans le pays dont tu vas prendre possession. Mais si tu détournes ton cœur, si tu n’obéis pas, si tu te laisses entraîner à te prosterner devant d’autres dieux et à les servir, je vous le déclare aujourd’hui : certainement vous périrez, vous ne vivrez pas de longs jours sur la terre dont vous allez prendre possession quand vous aurez passé le Jourdain. Je prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui ; c’est là que se trouve ta vie, une longue vie sur la terre que le Seigneur a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob. »


Balèze. Pour finir sur le sujet du choix et de l’engagement, je vous joins le poème de Victor Hugo, ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent.


Bonne semaine, et à lundi prochain !



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