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Le serment de la foi

Aujourd’hui, je vous propose un texte (dont l’intégralité est téléchargeable ci-dessous) d’une importance inversement proportionnelle à sa notoriété. Enfin personnellement je ne le connaissais pas. Il a été écrit en 1910, par le pape saint Pie X. Nous étions alors les deux pieds dans la troisième république, légèrement taquine à l’égard de l’Eglise il faut le dire. La séparation de l’Eglise et de l’état a eu lieu, et l’Eglise est en lutte contre les idéologies les plus corrosives qui attaquent les chrétiens, et notamment le clergé. Face à ces menaces, le pape publie une encyclique Pascendi Dominici gregis en 1907, et puisque l’hérésie persiste il rédige un texte, le motu proprio Sacrorum antistitum, aussi appelé serment antimoderniste. Ça donne le ton. Ce serment a été juré et signé chaque année par tout le clergé jusqu’en 1967.


Le titre a un petit côté joueur, qui peut heurter nos sensibilités aujourd’hui. Je vous propose d’y voir plutôt une déclaration de foi au milieu du monde. En lisant ces lignes d’ailleurs, on constate que l’acide a fait son chemin depuis un siècle… Il y a quelque chose de rafraichissant d’écouter un guide qui ne mâche pas ses mots.


J’ai choisi en particulier quelques extraits qui évoquent des réalités très concrètes. Ça fait du bien de les entendre…


« Je rejette absolument l’invention hérétique de l’évolution des dogmes, qui passeraient d’un sens à l’autre, différent de celui que l’Eglise a d’abord professé. Je condamne également toute erreur qui substitue au dépôt divin révélé, confié à l’Epouse du Christ, pour qu’elle garde fidèlement, une invention philosophique ou une création de la conscience humaine, formée peu à peu par l’effort humain et qu’un progrès indéfini perfectionnerait à l’avenir.

[…]

Cinquièmement, je tiens très certainement et professe sincèrement que la foi n’est pas un sentiment religieux aveugle qui émerge des ténèbres du subconscient sous la pression du cœur et l’inclination de la volonté moralement informée, mais qu’elle est un véritable assentiment de l’intelligence à la vérité reçue du dehors, de l’écoute, par lequel nous croyons vrai, à cause de l’autorité de Dieu souverainement véridique, ce qui a été dit, attesté et révélé par le Dieu personnel, notre Créateur et notre Seigneur.

[…]

Je condamne et rejette aussi l’opinion de ceux qui disent que le chrétien savant revêt une double personnalité, celle du croyant et celle de l’historien, comme s’il était permis à l’historien de tenir ce qui contredit la foi du croyant, ou de poser des prémices d’où il suivra que les dogmes sont faux ou douteux, pourvu que ces dogmes ne soient pas niés directement.

[…]

Je rejette en outre l’opinion de ceux qui tiennent que le professeur des disciplines historico-théologiques ou l’auteur écrivant sur ces questions doivent d’abord mettre de côté toute opinion préconçue, à propos, soit de l’origine surnaturelle de la tradition catholique, soit de l’aide promise par Dieu pour la conservation éternelle de chacune des vérités révélées ; ensuite, que les écrits de chacun des Pères sont à interpréter uniquement par les principes scientifiques, indépendamment de toute autorité sacrée, avec la liberté critique en usage dans l’étude de n’importe quel document profane.

Enfin, d’une manière générale, je professe n’avoir absolument rien de commun avec l’erreur des modernistes qui tiennent qu’il n’y a rien de divin dans la tradition sacrée, ou, bien pis, qui admettent le divin dans un sens panthéiste, si bien qu’il ne reste plus qu’un fait pur et simple, à mettre au même niveau que les faits de l’histoire : les hommes par leurs efforts, leur habileté, leur génie continuant, à travers les âges, l’enseignement inauguré par le Christ et ses apôtres. »


Saint Pie X, serment anti-moderniste (1910)


Donc, pour résumer :


- Non, les dogmes de l’Eglise ne sont pas à obsolescence programmée. Leur fécondité ne tari pas au fil des siècles.


- Non, la foi n’est pas une émotion toute intérieure, incompatible avec l’intelligence de ce qui nous entoure. Elle n’est pas une superstition qui supplée à ce que notre intelligence ne comprend pas.


- Non, on n’est pas meilleur scientifique en reléguant au placard notre foi. Notre foi nous rend meilleur scientifique, c’est une ouverture à l’intelligence.


- Non, notre foi n’est pas un parti pris idéologique dont il faut se défaire pour mieux réfléchir sur la religion.


- Non, la foi ne se résume pas à un « on est tous potes » d’avatardiste, qui place la foi entre les mains des Hommes seuls. Dieu ouvre l’Homme à la transcendance, et par la Vérité que celui-ci ne peut atteindre, le libère. C’est pas nous qu’on est pas tous seuls quoi.


- La réalité de la foi n’est pas anecdotique, on ne peut la revêtir selon les circonstances. La foi engage tout notre être. Allez, on se lance.


Bonne semaine !



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