Après avoir parlé de la femme, puis de l’homme, aujourd’hui nous abordons l’éducation. Suite à la déclaration de notre président sur le séparatisme, c’est un sujet plus que d’actualité. Et plutôt que de farfouiller dans les théories éducatives modernes, tournons-nous vers une personne peu connue en France : Charlotte Mason. Et vous allez voir, c’est quelqu’un de bien. Merci à Anne pour m’en avoir parlé!
Je vous mets en pièce jointe les 20 principes éducatifs qui constituent la base de l’enseignement de cette anglaise qui a vécu entre le 19e et le 20e siècle, ainsi qu’un résumé en français de son œuvre. La traduction de ses livres sort bientôt. Ça vaut le détour.
Charlotte propose d’arrêter de voir l’enfant comme une gourde, qui se rempli uniquement entre les quatre murs d’une école. Elle propose d’arrêter de croire que l’enseignement est un tour de passe-passe qui s’opère contre le gré de l’enfant, à force de stratégie et de persuasion. En fait, on revient au tabou suprême… Si on veut donner la meilleure éducation possible à ses enfants, c’est la même réponse que quand on veut faire le plus beau cadeau à son conjoint : il faut chercher la sainteté. La sienne avant celle des autres, hein. Charité bien ordonnée commence par soi-même, comme on dit.
Attention, ça ne veut pas dire que tant que l’on n’est pas saint on n’arrive à rien. Ça veut dire que tant qu’on n’a pas compris que c’est sur nous qu’il faut travailler, sur notre orgueil et sur notre conversion, on pédale dans la semoule. Reprenons.
Charlotte Mason présente l’éducation comme une philosophie de vie, intégrale et permanente. Ce n’est pas une posture à adopter de temps en temps à l’égard de l’enfant, c’est une disposition personnelle, permanente, qui repose sur des habitudes et sur la recherche de la Vérité. En somme, l’épitre aux Romains (12,2) résume assez bien la démarche : « Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l'intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait ». Dans cette mesure, l’éducation devient un effet naturel de la relation à l’enfant. Bon, il faut tout de même un programme éducatif et des outils, mais le principal reste cette disposition des parents à s’ouvrir à tout ce qui est beau et à ce qui est Vrai.
Ce cadre de vie rigoureux permet d’aborder l’enseignement de façon spontanée, et de laisser la place au naturel. En somme, après avoir bâti sa maison sur le roc, on peut autoriser l’enfant à déployer ce qui lui est propre, on peut lui permettre de développer ce qui fait qu’il est unique. On s’adresse à lui comme à une personne dotée d’un immense potentiel.
Ici le contraste avec l’éducation habituelle est saisissant. La plupart du temps, l’adulte se situe dans un extrême ou un autre : soit c’est l’enfant-roi, où la maison est bâtie sur le sable, soit c’est la maison et l’adulte qui sont de roc, broyant toute différence propre à l’enfant. Quelque part, au lieu de se regarder mutuellement en chiens de faïence jusqu’à ce que l’un mange l’autre, Charlotte Mason propose que l’adulte se tourne vers les œuvres de Dieu pour mieux y sensibiliser l’enfant. De fait, la nature a une place très importante dans cet enseignement. Mais je n’en dis pas plus, et vous laisse découvrir à quel point le passé peut être innovant.
Bonne lecture, et bonne semaine !
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