Les cloches d’Eastbourne sonnent à toute volée. Dans ce matin brumeux, les villageois accourent et se massent sur les bords de la falaise qui plonge verticalement dans la mer, 160 mètres plus bas. La foule s’agite, inquiète. Peu à peu, alors que la brume se dissipe, les exclamations rompent le bruissement des murmures.
Un formidable vaisseau émerge des vapeurs matinales. C’est le Soleil Royal, navire de guerre de plus de 50 mètres de long. 1200 marins s’agitent à son bord, s’activant autour de ses 98 canons. Ce titan des mers porte les couleurs du Roi Soleil. Et il n’est pas seul. Un, deux, trois autres bâtiments du même tonnage apparaissent autour de lui. Et plus le soleil monte, plus la taille de l’armada grandi. Ebahis, les villageois contemplent une flotte de pas moins de 75 navires, qui se positionnent en ordre de bataille.
Face à eux se dressent les 59 vaisseaux de ligne du vice-amiral Torrington. Alignés, les navires qui se rencontrent aujourd’hui forment une chaine de commandement flottante de plus de 18000 mètres de long ! La bataille fait rage, et au bout de quelques heures 17 bâtiments anglo-hollandais sont perdus, tandis que la flotte des français est presque intacte. Nous sommes le 10 juillet 1690, et nous venons d’assister à l’une des plus belles victoires navales de Louis XIV.
Penchons-nous à présent sur la flotte française, commandée par le vice-amiral Tourville. L’un des commandants a le visage fermé, et semble ronger son frein en dépit de la victoire à laquelle il a activement participé. Sur sa frégate, Jean Bart piétine. Suite à cette bataille, il fera parvenir à la cour un mémoire expliquant son dépit.
Jean Bart défend la course, les actions précises et rapides de frégates armées par le Roi qui non seulement permettent de déstabiliser l’adversaire, mais le touchent au cœur en raflant ses richesses. Dans ce domaine, le corsaire dunkerquois s’y connaît… A tel point qu’il est recherché constamment par les flottes anglaises et hollandaises, qui établissent sans relâche des blocus du port de dunkerque.
Je ne vais pas tout vous raconter sur les aventures du célèbre corsaire, d’une part parce qu’il a tant fait de prouesses que je m’y perdrais, et d’autre part parce que ma plume n’est pas aussi fine que Pierre Accoce et risquerait de ternir l’éclat des exploits de ce héros. Je ne peux donc que vous encourager à plonger dans le livre Vie et aventures de Jean Bart, corsaire du roi soleil de Pierre Accoce.
Quand on lit une biographie, il arrive que l’auteur prenne trop de place par ses réflexions et nous empêche de rencontrer son héros. Il arrive aussi parfois que l’écrivain ne parvienne pas à retranscrire le rythme de certains épisodes de la vie de son sujet, qu’il soit trop occupé par son autopsie pour se rappeler que son personnage a bel et bien vécu un jour. Ici, c’est l’inverse. Pierre Accoce réussit même par un sacré tour de plume à transmettre la tension et les enjeux qui accompagnent chaque mission du géant.
En somme, non seulement vous risquez d’approfondir votre culture historique en lisant ce livre, mais en plus vous allez passer un sacré bon moment.
Bon appétit !
Comments